Entretien avec Audrey, notre directrice de croisière sur le Jakare Liveaboard

Audrey, après tant d’années à naviguer en Indonésie, est-ce que ce pays arrive encore à te surprendre ?
Oh oui, et c’est ça qui est magique avec l’Indonésie ! Même après toutes ces années à sillonner l’Est indonésien, elle garde toujours une part de mystère. On connaît tous les grandes stars comme Komodo ou Raja Ampat, et les destinations plus “initiées” comme Banda, Alor ou Halmahera… mais parfois, on part hors des routes habituelles et là, on tombe sur des merveilles complètement inattendues.
C’est ce qui s’est passé avec cette croisière d’exploration ?
Exactement ! On a embarqué pour une croisière entre Kendari et Luwuk, à l’ouest de Sulawesi, avec notre partenaire australien SSV, spécialiste des croisières-kayak.
Franchement, ça a été une très belle surprise : un mini Raja Ampat sur l’eau ! Personne n’y va encore en liveaboard, c’est un coin totalement vierge du tourisme nautique.
Tu peux nous situer un peu ?
Le départ s’est fait depuis Kendari, sur la côte sud-est de Sulawesi, et on a navigué jusqu’à Luwuk, plus au nord. Entre les deux, une succession d’îles, de criques, de lagons et de roches calcaires… des paysages à couper le souffle.

Quand est-ce la meilleure période pour y aller ?
La fin de septembre à début Novembre est idéale, sur environ 8 à 10 jours de croisière. La mer est calme, la lumière magnifique et les couleurs incroyablement pures.
Est-ce que cette croisière pourrait devenir une destination régulière du Jakare ?
Peut-être avec SSV. Cette fois-ci c’était vraiment une expédition d’exploration, un petit privilège que peu auront l’occasion de vivre. Mais c’est aussi ça le charme : découvrir des coins secrets et éphémères. Bien que nous organiserions pas de croisière plongée sur cette destination, c’est vraiment une destination incroyable pour ceux qui ne plongent pas et connaissent déjà l’Indonésie dans tous ses recoins.
Comment t’es-tu préparée pour une expédition dans une région aussi méconnue ?
Elle a été proposée par SSV mais le travail de préparation m’est revenu. J’y ai mis beaucoup de curiosité et un peu d’improvisation ! J’ai cherché sur Google, Instagram, les cartes marines, j’ai parlé avec d’autres liveaboards… mais même notre équipage, bien que la plupart sont originaires des Sulawesi, ne connaissait pas ces zones !
On a exploré plusieurs endroits : Labengke, Tarape, Somrobi (avec son incroyable lac aux méduses), et bien sûr Banggai que l’on connaissaient déjà de l’année dernière.
Parle-nous de ce que tu as découvert sur place !
C’est une région remplie de grottes, certaines sous-marines, d’autres accessibles à pied, des îlots calcaires qui rappellent un peu Raja Ampat, des plages de sable blanc ultra fin, des eaux turquoise, des points de vue spectaculaires…
Et puis, cette merveille absolue : le lac aux méduses ! Un grand lac où nagent des milliers de méduses non urticants, blanches et orange. On se baigne au milieu d’elles, c’est irréel !

Des surprises en chemin ?
Oh oui ! Des paysages grandioses, des lagons secrets qu’on découvre en kayak, des oiseaux magnifiques qu’on observe à l’aube, une lumière du matin dorée qui sublime tout. Et puis ces grottes… certaines sont tellement impressionnantes qu’on reste bouche bée. On sent vraiment qu’il y a encore des endroits inexplorés là-bas.
Mais tout n’a pas été parfait, j’imagine ?
Effectivement, il y a eu aussi des mauvaises surprises.
Dans les zones de Labengke et Tarape, le monde sous-marin est abîmé : peu de poissons, très peu de vie. La surpêche, parfois à la dynamite, et les mines de nickel sur la côte ont laissé des traces. Au loin on voit aussi des forêts disparues remplacées par les mines a ciel ouvert. Un crève-cœur !
Mais autour de Sombori, c’est différent : un peu de courant, plus de nutriments, des coraux vivants et de belles zones de snorkeling.
Et puis, un détail surprenant : beaucoup d’hôtels abandonnés sur certaines îles, comme des témoins d’un tourisme qui n’a jamais vraiment décollé.
Pour quel type de voyageurs recommanderais-tu cette aventure ?
Pas vraiment pour les plongeurs à la recherche de gros poissons !
Mais c’est parfait pour les kayakistes, les amoureux de la nature, les snorkelers, les familles, ceux qui aiment marcher, explorer, observer les oiseaux, se poser sur des plages désertes. C’est une aventure douce et poétique, plus tournée vers la découverte que la performance.
Tu parlais d’un secret bien gardé à Banggai… on veut savoir !
(rires) Bon, je ne dévoilerai pas tout, mais sur une île de Banggai, on a trouvé une fjord-lagon incroyable, d’une beauté à pleurer : un bras d’eau turquoise bordé de mangroves et de sable blanc, qu’on traverse avec la marée.
Et puis, c’est le royaume du poisson cardinal de Banggai, une espèce endémique et rare qu’on ne trouve même pas partout dans l’archipel. Ce poisson a d’ailleurs inspiré le nom d’une de nos cabines sur le Jakare !
Et pour finir, comment est la ville d’arrivée, Luwuk ?
Une très belle surprise ! C’est une petite ville vivante et jeune, pleine de cafés au bord de l’eau, de street-food, de jus de fruits frais, de durian (pour les courageux !), et de rojak.
Il y a même des waterfalls à découvrir tout autour. C’est une ville accueillante, authentique et vibrante, parfaite pour clôturer une belle aventure.
Un dernier mot pour conclure ?
Cette croisière m’a rappelé pourquoi j’aime tant l’Indonésie : elle est inépuisable, pleine de surprises et de secretsencore bien gardés.
Naviguer entre Kendari et Banggai, c’est comme feuilleter un nouveau chapitre d’un livre qu’on croyait déjà connaître. Et franchement… quel bonheur d’en écrire les premières lignes ! 🌺







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