
En septembre, le Jakare est retourné à Bira, au sud de Sulawesi, pour presque 3 semaines de maintenance intense. Là où il a été construit par les maîtres charpentiers Bugis, héritiers d’un savoir-faire séculaire, le Jakare a retrouvé ses racines. Pour mieux comprendre les améliorations, nous avons discuté avec François, propriétaire passionné du bateau.
Pourquoi revenir à Bira pour les travaux ?
Bira, c’est le berceau des phinisi. Ici, chaque bateau en bois est unique, construit sans plan, directement dans la tête et le cœur des charpentiers. C’est dans ces plages que le Jakare a vu le jour, et revenir ici, c’est renouer avec cette tradition (et perpétuer la tradition avec nos artisans que nous aimons et respectons). On ne fait pas qu’entretenir un bateau, on se reconnecte à son histoire vivante
Les améliorations réalisées

🔧 Nouveau générateur Yanmar
Le générateur, c’est le cœur électrique du bateau. Avec le nouveau Yanmar, nous gagnons en fiabilité, en performance et surtout en consommation. C’est essentiel, car un générateur plus efficace, c’est moins de carburant brûlé et donc une empreinte carbone réduite. C’est aussi un pas important vers l’acquisition d’une Membrane nitrox l’année prochaine qui apportera encore plus de confort et sécurité !
Mais le plus impressionnant, c’est le confort qu’il apporte à bord : les vibrations sont tellement réduites qu’on ne le sent quasiment plus. Pour les invités, c’est un vrai changement : plus de silence, plus de sérénité… comme si on oubliait presque qu’il fonctionne.
🌊 Remplacement des deux mâts et renforcement du gréement
Ce fut sans doute le chantier le plus impressionnant de cette maintenance. Remplacer les mâts d’un phinisi, c’est un travail dantesque. Le bois avait été sélectionné avec soin et mis à sécher il y a presque un an, pour garantir sa solidité et sa longévité puis travaille et prépare par les charpentiers pour que tout soit prêt qd le bateau arrive !
Ensuite, il a fallu deux semaines entières a l’équipe de Pak Daeng (huit ouvriers au total) à temps plein pour démonter les anciens mâts, hisser et installer les nouveaux, et replacer chaque fixation avec précision. C’est une opération lourde, qui demande à la fois force, patience et une maîtrise artisanale exceptionnelle. Pour donner des idées, les mats principaux pèsent chacun plus d’une demi tonne et tout a été réalisé sans grue ! avec les poulies, des bout, des palans…etc que d’ingéniosité de la part des spécialistes !
Nous avions la possibilité de suivre l’exemple de certains autres bateaux et d’opter pour des mâts en acier. Ils sont plus chers à la fabrication, mais ils durent bien plus longtemps, évitant d’avoir à les remplacer régulièrement. Pourtant, j’ai choisi de rester fidèle à l’esprit du Jakare : conserver des mâts en bois, comme le veut la tradition des phinisi. Bien sûr, cela veut dire que dans dix ans, il faudra probablement recommencer. Mais c’est justement ce cycle vivant qui fait l’âme de ces bateaux.
Les mâts ne sont pas seulement un élément structurel. Sur un phinisi, ils incarnent l’identité et l’élégance du navire. Même si le Jakare navigue principalement au moteur, ils assurent l’équilibre de la coque, renforcent sa sécurité, et participent à cette silhouette unique qui émerveille nos invités à chaque embarquement.
Le remplacement des mâts, accompagné du renforcement de tout le gréement et de nouvelles fixations en inox, c’est un investissement pour la durabilité du Jakare, mais aussi un acte de respect envers l’héritage Bugis. Aujourd’hui, le bateau se dresse plus fier et solide que jamais, prêt à affronter de nouvelles traversées.
🪢 Nouveau petit gréement (câbles de 12 mm)
Le gréement, ce sont tous ces câbles qui assurent la tenue et la solidité de la mâture. C’est du détail technique, mais ça change tout pour la fiabilité du bateau. On ne transige jamais avec la sécurité et opte pour la meilleure qualité de câble (importées).
🔋 Passage aux batteries lithium
C’est une étape inévitable compte tenu des progrès récents en la matière. Nous sommes donc passés aux batteries au lithium : elles sont plus puissantes (tiennent la charge plus longtemps), se rechargent plus vite, durent plus longtemps (plus de 5000 cycles si elles sont bien entretenues) et sont certainement plus respectueuses de l’environnement que les anciennes batteries au plomb.
Concrètement, ça veut dire plus de temps sans les générateurs – plus de silence, plus de confort pour les invités. C’est un vrai plus à bord, autant pour l’expérience des passagers que pour notre engagement écologique.
Et puis, en réduisant le recours aux générateurs, on baisse aussi notre empreinte carbone. C’est une avancée technique, mais aussi un geste fort pour naviguer de manière plus durable dans ces écosystèmes marins précieux.
🏗️ Installation d’une nouvelle grue
Ah, celle-là, c’était une sacrée aventure (rires) ! Mais aussi un projet très personnel. La grue a été dessinée et calcule par un ami ingénieur à Kuala Lumpur, puis fabriquée à Surabaya. J’ai suivi toutes les étapes de près, depuis les plans jusqu’à la construction. C’était important pour moi qu’elle soit parfaitement adaptée au Jakare, solide et durable.
Ce n’est pas seulement un outil pour manœuvrer les équipements lourds : elle nous permettra aussi de mettre l’annexe à bord lors des grandes traversées, ce qui représente à la fois un gain en sécurité et une meilleure performance de navigation pour le Jakare.
Et puis, elle facilitera grandement la manutention des kayaks pendant nos croisières dédiées au kayak, comme celles que nous menons actuellement à Sulawesi et dans les îles Togian. Là encore, c’est un vrai soutien pour l’équipage et une amélioration du confort logistique pour nos invités.
D’ailleurs, c’est la même entreprise qui avait fabriqué les nouvelles ancres du Jinggo Janggo, également conçues selon mon design. J’aime cette idée que chaque élément technique du bateau porte une histoire et une touche personnelle.
⚙️ Nouveau réducteur pour le guindeau
Le guindeau, c’est le système qui permet de lever l’ancre. Nos habitués s’en souviendront sûrement : autrefois, ce moment pouvait être un peu délicat… et surtout réveiller tout le monde très tôt le matin à cause du bruit et des à-coups. (rires)
Avec le nouveau réducteur, nous avons plus de puissance donc plus de sécurité. Le guideau est une pièce essentielle de sécurité que nous choyons particulièrement !
✨ Des nuits encore plus douces à bord du Jakare ✨
Nous avons amélioré tous les matelas des cabines avec des sur matelas en latex naturel indonésien. C’est un vrai changement. Le latex épouse parfaitement le corps, il soutient bien la colonne, amortis les vibrations et réduit les points de pression. Cela veut dire moins de micro-réveils la nuit, un sommeil plus profond, et surtout, un réveil avec la sensation d’avoir vraiment récupéré.
Je trouve que c’est essentiel, parce qu’à bord, les journées sont intenses : plongées, excursions, émotions… Tout ça demande beaucoup d’énergie. Et pour bien profiter, rien ne vaut une bonne nuit de sommeil. Avec ces nouveaux matelas, les nuits sur le Jakare deviennent vraiment douces, et nos invités peuvent se réveiller pleins d’élan pour une nouvelle journée d’aventure.
Et puis, il y a aussi un aspect qui me tient à cœur : le latex naturel est un matériau renouvelable et durable, contrairement aux mousses synthétiques. C’est une petite contribution de plus pour que le Jakare reste aligné avec notre vision : offrir du confort à nos invités, tout en respectant au mieux l’environnement qui nous accueille.
🚿 Salle de bain de l’équipage rénovée
On a posé de nouveaux carreaux dans la salle de bain de l’équipage. Ça peut paraître un détail, mais c’est important pour leur confort. Le bien-être de l’équipage, c’est la clé d’une atmosphère positive à bord. Et je dois dire que cette salle de bain est tellement belle que les invités pourraient en être jaloux ! (sourire)
En fait, cette rénovation est un test. Pour 2026, nous aimerions repenser aussi les salles de bain des cabines invités, avec le même souci de modernité, confort et esthétique. L’objectif est d’offrir un niveau de raffinement encore supérieur, tout en gardant l’authenticité chaleureuse du Jakare. Ce premier chantier est une source d’inspiration pour la suite.
Prêt pour de nouvelles aventures

Aujourd’hui, le Jakaré est prêt. Plus sûr, plus efficace, plus confortable… et toujours fidèle à son âme. Un phinisi, ce n’est pas qu’un bateau, c’est un être vivant. Chaque maintenance est comme un soin, pour qu’il continue à porter des rêves et des voyageurs à travers les océans indonésiens.
Et coup de chapeau à Audrey et notre équipage dans lesquels tout cela n’aurait pas été possible !
Le Jakaré vous attend, rajeuni et resplendissant, pour écrire ensemble la suite de son histoire en mer.
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